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Notre environnement contient des substances toxiques, ce n’est pas nouveau. Par contre, les opinions varient quant à l’importance de ce fait. Plusieurs experts officiels tentent de nous rassurer en affirmant que les quantités sont infimes et les risques minimes (voir Un autre chapitre dans la saga des perturbateurs hormonaux).

Pourtant, des documentaires et études nous montrent une image fort peu rassurante. Par exemple, une étude pancanadienne a détecté la présence de composés toxiques dans le sang de TOUS LES PARTICIPANTS, d’un océan à l’autre. (http://www.toxicnation.ca/, voir aussi  http://www.environmentaldefence.ca/toxicnation/press/inthenews/200511092.htm) Au Québec, le documentaire de Carole Poliquin fait la même triste constatation (http://www.homotoxicus.com/). De plus, en cherchant des réponses auprès des spécialistes, elle n’y a trouvé que plus de confusion…

Une nouvelle étude

Une étude récente vient accroître le doute sur la prétendue sécurité de nos aliments. Des chercheurs californiens ont évalué l’exposition à onze substances toxiques connues: acrylamide, arsenic, plomb, mercure, chlorpyrifos, perméthrine, endosulfan, dieldrine, chlordane, DDE et dioxine.(1) À partir d’un questionnaire alimentaire et des teneurs des aliments en ces molécules toxiques (telles que répertoriées dans des bases de données comme celle de EPA – Environmental Protection Agency – et USDA – département de l’agriculture des États-Unis), ils ont estimé les concentrations des toxines chez 959 personnes réparties ainsi: 207 enfants préscolaires (2-4 ans); 157 enfant d’âge scolaire (5-7 ans); 446 parents de jeunes enfants; et 149 personnes plus âgées.

En se basant sur les seuils tolérables et les seuils toxiques établis par les autorités américaines (EPA et USDA), ils ont évalués les dangers pour chacun des groupes. Les résultats donnent des frissons. Par exemple:

  • 100% des enfants ont dépassés les seuils maximums cancérigènes pour l’arsenic, la dieldrine, le DDE (un dérivé du DDT) et les dioxines.
  • Les enfants préscolaires avaient des taux plus élevés que les plus vieux pour 6 substances sur 11.

"Shoot to kill"

On sait que les pesticides, même à des taux moins élevés que ceux estimés dans cette étude, donnent des troubles de comportement et d’apprentissage.(2) Les pesticides affectent également les hormones chez les hommes (3) et chez les femmes.(4) L’exposition chronique aux pesticides entraine un syndrome similaire à la maladie de Parkinson.(5) Finalement, 12 pesticides actuellement approuvés aux Etats-Unis, dont plusieurs le sont également au Canada, sont des cancérigènes connus: (6)

  • alachlor (tous les cancers lymphohématopoïétiques)
  • aldicarb (côlon)
  • carbaryl (mélanome)
  • chlorpyrifos (rectal, poumon)
  • diazinon (tous les cancers, leucémie, lymphohématopoïétique, poumon)
  • dicamba (poumon, côlon)
  • EPTC (tous les cancers, côlon, leucémie, pancréas)
  • imazethapyr (côlon, vessie)
  • metolachlor (poumon)
  • pendimethalin (poumon, pancréas, rectal)
  • perméthrine (myélome multiple)
  • trifluralin (côlon)

Bref, il y a péril en la demeure.

Que le bio soit ou non plus nutritif (c’est le grand débat inutile dans les médias), cette méthode de culture demeure la seule façon de limiter notre exposition à ces substances toxiques.

Pour en savoir plus :

Des perturbateurs hormonaux liés (officiellement) à l’infertilité masculine

Les perturbateurs hormonaux: une menace réelle!

 

Références:

  1. Vogt R, Bennett D, Cassady D, Frost J, Ritz B, Hertz-Picciotto I. Cancer and non-cancer health effects from food contaminant exposures for children and adults in California: a risk assessment. Environ Health. 2012 Nov 9;11(1):83. [Epub ahead of print] PubMed PMID: 23140444.  (accès gratuit)
  2. Ross SM, McManus IC, Harrison V, Mason O. Neurobehavioral problems following low-level exposure to organophosphate pesticides: a systematic and meta-analytic  review. Crit Rev Toxicol. 2012 Nov 19. [Epub ahead of print] PubMed PMID: 23163581.
  3. Aguilar-Garduño C, Lacasaña M, Blanco-Muñoz J, Rodríguez-Barranco M, Hernández AF, Bassol S, González-Alzaga B, Cebrian ME. Changes in male hormone profile after occupational organophosphate exposure. A longitudinal study. Toxicology. 2012 Nov 12. doi:pii: S0300-483X(12)00384-8. 10.1016/j.tox.2012.11.001. [Epub ahead of print] PubMed PMID: 23153546.
  4. Recio R, Ocampo-Gómez G, Morán-Martínez J, Borja-Aburto V, López-Cervante M, Uribe M, Torres-Sánchez L, Cebrián ME. Pesticide exposure alters follicle-stimulating hormone levels in Mexican agricultural workers. Environ Health Perspect. 2005 Sep;113(9):1160-3. PubMed PMID: 16140621; PubMed Central PMCID: PMC1280395.
  5. Betarbet R, Sherer TB, MacKenzie G, Garcia-Osuna M, Panov AV, Greenamyre JT. Chronic systemic pesticide exposure reproduces features of Parkinson’s disease. Nat Neurosci. 2000 Dec;3(12):1301-6. PubMed PMID: 11100151.
  6. Weichenthal S, Moase C, Chan P. A review of pesticide exposure and cancer incidence in the agricultural health study cohort. Cien Saude Colet. 2012 Jan;17(1):255-70. Review. PubMed PMID: 22218559.  (texte complet gratuit)

15 commentaires

    1. Bonjour France
      Ça dépend d’où on se place.
      1- il y a plus d’information, plus de conscience et plus de façon d’agir
      2- il y a plus de désinformation, plus de lobby, plus de toxicité
      Bref, plus on s’informe, plus c’est déroutant. Mais, plus on a de l’information valable, plus on sait comment agir pour se protéger et protéger les siens.
      Votre groupe FaceBook https://www.facebook.com/groups/159397752014/ est un très bon exemple.
      Santé!

    1. Merci Rosalinda,
      Il y aura toujours des détracteurs du Bio. Non, ce n’est pas une affaire de marketing, mais bien une façon de cultiver et de produire des aliments respectueuse de l’environnement et de ses habitants. Les cahiers de charge sont très, vraiment très rigoureux. Quiconque prétend le contraire, ne connait pas le sujet.
      Les aliments bio sont plus gouteux et probablement plus nutritifs, mais là n’est pas leur avantage principal. Le bio est la seul garantie que nous ayons d’avoir le moins de pesticide possible dans nos assiettes (il y en a toujours dans le vent, mais pas directement sur les cultures. Ça aussi, c’est contrôlé). De plus, dans le contexte des lobbys de plus en plus puissants, c’est aussi la seule façon de ne pas avoir d’OGM.
      Par contre, le bio prend de plus en plus de place. Donc, les opposants ressentent les pressions du marché. Ils sont de plus en plus vocaux et de plus en plus démagogues. L’opposition au bio, principalement par la désinformation, est une forme de manipulation de l’opinion publique et… de marketing par la négative.
      Santé!

  1. Quelque chose qui va vous étonner: malgré la chèreté du coût de la vie à Vancouver, les aliments bios sont beaucoup plus abordables qu’au Québec.

    Il y a 30 ans, dans mon quartier, il y avait deux épiceries « granolas » où on ne trouvait que du bio. Maintenant, il y a quatre chaînes – donc au moins une trentaine d’épiceries grande surface – qui se font concurrence et s’affichent toutes plus bios les unes que les autres. Sans compter que les autres chaînes nationales sentent qu’elles doivent aussi s’y mettre. Par contre, il faut veiler au grain » car certains distributeurs (une chaîne en américaine en particulier – Whole Food) ont le compromis facile. Sous la pression de l’industrie agro-alimentaire, on a cherché à passer une loi pour redéfinir l’appellation « bio » aux Etats-Unis. Of course!

    Heureusement, les petits détaillants hippies n’ont pas disparu et se distinguent en demeurant des purs et durs, des idéalistes qui ne considèrent pas que leur profit. Donc, il y en a pour tous les goûts et les budgets.

    Je suppose que c’est cette demande qui explique les prix plus raisonnables ici; quand à la varieté et au choix des produits, ça ne se compare vraiment pas avec ce que j’ai vu lorsque je suis passée au Québec. Une constatation que plusieurs ex-québécois en exil ici, nous nous faisons en rentrant à Vancouver.

    Je suppose que c’est une question de masse critique pour que la même chose se produise au Québec. Il faut donc applaudir chaque conversion au bio et continuer à faire des pressions et encourager les producteurs et distributeurs de bonne foi.

    1. Bonjour Jacqueline
      Vous êtes dans la mouvance « West Coast ». Ici, sur le « East Coast », nous avons plus de travail à faire.
      Mais votre nouvelle ne me surprend pas. Elle confirme ce que j’ai aussi constaté moi-même.
      Au plaisir
      Il doit faire plus doux chez vous qu’ici 🙂
      JYD

    1. Merci Christian,
      Qu’on se le dise et qu’on l’envoie à tous ceux qui disent que ça ne vaut pas la peine…
      C’est plus cher parce que c’est plus que du bonbon 🙂
      Santé!

  2. Bonjour M. Dionne! J’ai fait le virage bio depuis 3 ou 4 ans maintenant… Et je dois avouer que ça me fait « plaisir » de lire ce genre d’article (plaisir, on s’entend) car les ressources supplémentaires qu’il faut mettre dans l’alimentation bio sont énormes. Le temps, l’argent et l’énergie supplémentaires sont réels. D’abord, pour tout trouver bio (je suis une pure et dure, il n’y a RIEN de non-bio chez moi), je dois alterner entre 4 épiceries. On ne peut faire de menu d’avance, on cuisine avec ce qu’on trouve (surtout les fruits et légumes). Pour compenser le coût plus élevé, il faut tout cuisiner (TOUT) soi-même. Quand je vois les mères de famille autour de moi se féliciter d’avoir mis au point leur horaire de repas militaire qui fait en sorte qu’elles n’ont à aller à l’épicerie que 2 fois par semaine… Hein??? Je vais à l’épicerie au moins 4 fois par semaine et j’ai beau essayer, je ne fournis pas! Et nous ne sommes que 2 à la maison! Je ne vois pas d’autres options pour avoir constamment des fruits et légumes frais… On doit manger l’équivalent de 10 fruits ou légumes chacun (deux sportifs 🙂 par jour, alors ça va à toute vitesse. J’ai l’impression de passer mon temps à l’épicerie ou à cuisiner et j’ai réellement fait des choix (professionnels) en conséquence. C’est un effort de tous les jours et j’admets que c’est parfois épuisant. Alors ça m’encourage de lire ceci, et ça me rappelle que ça vaut la peine. Au plaisir, votre blogue est toujours aussi intéressant!

    1. J’aime le réalisme de ton commentaire,c’est vrai que manger bio requiert plus de temps,d’argent,de planification et d’imagination.Je n’ai pas fait le saut à 100% encore,et déjà c’est un défi.Mais il faut ce qu’il faut,je me sens 1000 fois mieux depuis que j’ai commencé et plus question de revenir en arrière maintenant!Il m’arrive de payer seule pour des articles plus chers,articles pour lesquels mon chum n’aurait pas voulu débourser…Mais je suis en train de le convertir! Ce que je déplore dans le bio c’est qu’il n’est pas toujours évident d’acheter local…Si j’ai le choix entre un beau produit du québec non-bio ou un produit bio de l’ontario (example),c’est pas le québec qui gagne,désolée…Il faut demander à l’épicier d’augmenter l’offre,les choix sont limités et viennent souvent des états-unis ou d’ailleurs.Bonne route bio à tous!

  3. Merci Jean-Yves, pas très rassurant pou l’avenir de nos enfants. Nous avons bénéficié d’une meilleure nourriture dans les années passées… je me trouve privilégiée que ma mère soit déjà très attentive à tout ça et moi aussi pour ma famille.

    Malheureusement, on ne peut pas tout acheter bio, Qué, Can lorsque possible, au moins c’est moins de transport.

    Bonne fin de semaine, nous on continue à faire de notre mieux pour vivre en santé.

    Santé !!!

    1. Je suis passionnée par vos articles
      Je suis en colère contre le système de santé, Je suis sure que le gouvernement le sait mais ils preferent de rester sourds-aveugles et muets et laissent les malades à leur sort et depensenet des milliards pour rien en fichant de nous.

      Malgré les preuves pourquoi ils continuent de les laisser faire.

      J’essaie d’etre en bonne santé possible mais il y a des millions de toxiques (BPA, additifs, raffinages, colorants, medicaments, polluants environnementales etc) ca ne finit plus. On ne peut plus mourir en santé.

      Merci

  4. Merci de nous donner l’heure juste…je me sens moins seule dans ma bataille pour le bio et contre les épandages de boues d’usine d’épuration sur les terres agricoles…que le MDDEP encourage au plus haut point…on manque de toxicologues et d’endocrinologues on dirait. Étude 2011, PBDE dans le lait…mais il y en aurait si peu!!!???http://vertigo.revues.org/11150#tocto2n8

  5. Allo JY

    WOW impressionnant et épeurant ! Bon je continue avec le bio avec encore plus de convictions que jamais. En plus ici on ne parle pas de la viande avec toutes ses hormones, on y parle plutôt de produits toxiques. (les hormones en font-elles partie ?)
    santé à toute la terre !
    hélène l

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