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Si on se fie à l’approche médicale, les troubles de l’humeur, les dépressions et la plupart des troubles de santé mentale sont dues à des déséquilibres biochimiques dans le cerveau (et on ne se questionne pas trop sur l’origine de ces déséquilibres). Par contre, si on se fie aux approches psychologiques, ces mêmes troubles trouvent leurs origines dans notre vécu. Mais se pourrait-il qu’une de leurs causes soit nutritionnelle?

Des troubles en augmentation

Les différents troubles de l’esprit sont en augmentation dans notre société. Des dépressions jusqu’aux troubles d’apprentissages, en passant par les troubles du spectre autistique, les statistiques sont en progression partout en Occident. Par exemple, en France, il y avait 7 fois plus de dépression en 1996 qu’en 1970.(1) Au Canada, la prescription d’antidépresseurs a augmenté de 104% en 4 ans, de 2001 à 2005, et le nombre de consultations pour dépression a augmenté de 60% entre 1995 et 2003.(2) Toujours au Canada, la prévalence de l’autisme a augmenté de 64% entre 2006 et 2014 et de 123% entre 2002 et 2014.(3) Entre 1994 et 2007, la prescription de médicaments pour le TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité) chez les enfants d’âge scolaire a presque doublé.(4)

Peu importe la condition, les augmentations sont énormes. On peut toujours dire que ce sont les capacités de diagnostic qui se sont améliorées, ou encore que les médicaments sont plus efficaces et que ce serait pour ça que les médecins en prescrivent plus…

Pourtant, les antidépresseurs pharmacologiques ont une efficacité décevante par rapport à la fréquence de leur utilisation. Avec des puissances d’effet (réduction des symptômes) de 23% en moyenne (-0,23; IC -0,40 à -0,05) pour les tricycliques (Anafranil, Sinequan, Surmontil, etc.) et de 14% en moyenne (-0,14; IC -0,25 à -0,03) pour les ISRS (Paxil, Prozac, Zoloft, etc.), on ne peut pas parler de révolution thérapeutique!(5)

Carence en nutriments

Des chercheurs viennent de publier un document rafraichissant qui pointe vers une avenue thérapeutique sous-estimée.(6) En janvier, dans le journal The Lancet Psychiatry, une équipe internationale sous la direction de Dr Jerome Sarris a fait un lien important entre une carence de certains nutriments spécifiques et la présence de maladies, notamment la dépression. Ils constatent que les omégas 3, les vitamines B (notamment les folates et la B12), la choline, le fer, le zinc, le magnésium, la vitamine D et plusieurs acides aminés comme la cystéine sont essentiels à la santé mentale.

Les données scientifiques sur les mécanismes d’action et/ou la réponse clinique sont maintenant assez importantes pour appuyer l’usage de chacune de ces substances dans le traitement de la dépression. Les auteurs proposent que cette information soit mieux diffusée chez les cliniciens et dans la population en générale.

Nous savons aussi que certaines carences nutritionnelles sont associées au TDAH (voir https://www.jydionne.com/oligo-elements-et-tdah/). Bref, il est clair que notre cerveau a besoin des bons nutriments en quantité suffisante pour bien fonctionner. Bien entendu, l’alimentation devrait nous fournir tout ça, mais force est de constater que ce n’est pas le cas.(7) Si vous êtes sujet aux troubles de l’humeur, à la dépression, au TDAH ou à tout autre trouble de l’esprit, qu’il soit cliniquement diagnostiqué ou non, pourquoi ne pas regarder votre alimentation pour augmenter les sources de ces nutriments et/ou prendre des suppléments pour combler les carences. La vie sera peut-être plus joyeuse!

Santé!

Références :

  1. http://www.doctissimo.fr/html/psychologie/mag_2002/mag0503/ps_5482_depression_siecle.htm
  2. http://www.ellequebec.com/societe/psycho/la-depression-le-mal-du-siecle/a/26132#.VO4N1UL5Ly8
  3. http://fr.autismspeaks.ca/about-autism/early-warning-signs/
  4. Brault MC, Lacourse É. Prevalence of prescribed attention-deficit hyperactivity disorder medications and diagnosis among Canadian preschoolers and school-age children: 1994-2007. Can J Psychiatry. 2012 Feb;57(2):93-101. PubMed PMID: 22340149. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22340149
  5. Anderson IM. Selective serotonin reuptake inhibitors versus tricyclic antidepressants: a meta-analysis of efficacy and tolerability. J Affect Disord. 2000 Apr;58(1):19-36. PubMed PMID: 10760555. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10760555
  6. Rahilly A. Diet and nutrition essential for mental health. 28 janvier 2015. Medicalxpress, Psychology & Psychiatry. http://medicalxpress.com/news/2015-01-diet-nutrition-essential-mental-health.html
  7. Sarris J, Logan AC, Akbaraly TN, Amminger GP, Balanzá-Martínez V, et al. The International Society for Nutritional Psychiatry Research. Nutritional medicine as mainstream in psychiatry. Lancet Psychiatry 2015; 2: 271–74. http://www.thelancet.com/journals/lanpsy/article/PIIS2215-0366(14)00051-0/abstract http://dx.doi.org/10.1016/S2215-0366(14)00051-0

12 commentaires

  1. Bonjour Monsieur Dionne, je me questionne, j’ai consulté mon médecin et jai des symptôme dépressif tel que le stress et l’anxiété et j’aimerais savoir si les Omega 3 pourais aider et si oui quel est la dose que vous me recommander pour une personne de forte corpulence 85 kilo. Est ce que je calcul 40 mg de EPA multiplier par 85 kilo ou 2000 EPA sufi?

    1. Bonjour Roxane
      2 options : 1000 MG à 1000 MG de EPA avec le moins de DHA; ou une dose de 40mg/kg ou 3400 mg (EPA +DHA) par jour. Tout dépend des autres symptômes. Commencez par une formule riche en EPA avec 1000 mg de EPA par jour pour quelques jours, voir quelques semaines et ajustez.
      Santé!

  2. Bonjour Jean-Yves,

    Je travaille dans la recherche universitaire et je suis suivie pour troubles bipolaire.
    On me dit souvent que je dois prendre des compléments Omega 3 en permanence.
    Est-ce que les produits Omega-3 sont obligatoires dans un cas comme le mien et comment reconnaitre les bon produits : il y en a tellement que je ne fais pas de différence !

    Merci

    1. Bonjour Carmelina
      Oui, il semble que les oméga 3 soient bénéfiques pour les troubles de l’humeur, notamment le bipolaire. Recherchez un produit qui fournit une dose quotidienne de 1000 mg de EPA avec très peu de DHA (50 à 150 mg DHA/ jour)
      Santé!

  3. Linus Pauling préconisait ce genre de traitement mais on a rit de lui malgré le livre « Brain allergies » de Philpott, Kalita et Pauling avec de bons exemples mais qui sont passés sous silence et comme marginaux durant l’explosion des médicaments brevetés desi et autre-pramine, Inhibiteurs de la MAO puis les anti-dépresseurs de la nouvelle génération, etc. Bref, j’ai arrêté de travaillé en milieu psychiatrique car seules les pilules étaient le traitement sauveur. Alors le travail d’intégration sensori-moteur en ergothérapie…pas très prisé!

    Merci cet article rafraichissant et porteur d’espoir.

    Lucie

    1. Bonjour Lucie
      Vous connaissez probablement Boris Cyrulnik. Dans le livre « Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner » il est cité pour avoir dit à propos du choix entre la pharmacologie du cerveau et la psychanalyse : (…) C’est un choix dogmatique, donc facile, une pensée paresseuse, qui ne vous donne que la moitié d’un savoir, mais vous permet d’asseoir un pouvoir: (…) Le morcellement du savoir mène au dogme, le dogme mène au pouvoir et tout le monde est complice. Mais si vous voulez vraiment explorer le monde, c’est autre chose. Impossible de morceler le savoir. Il faut mettre votre nez partout où il y a quelque chose à comprendre. Et éventuellement vous attaquer au dogme, quand le barrage qu’Il oppose aux nouvelles découvertes devient trop paralysant, trop bête.

      C’est pareil partout, n’est-ce pas ?
      Santé!

  4. Natasha McBride, médecin-neurologue et nutritionniste, a étudié les causes de l’autisme afin de guérir son fils. Les résultats de ses études ont permis de faire un lien entre l’état de l’intestin et la qualité des nutriments se rendant au cerveau et par le fait même, son fonctionnement. Elle a appelé cette problématique : le syndrome entéropsychologique (GAPS en anglais) . Elle a développé un protocole nutritionnel du syndrome GAP, extrêmement efficace chez les patients souffrant de difficultés d’apprentissage et autres problèmes mentaux, ce qui lui a permis de guérir son fils et d’aider de nombreuses personnes à travers le monde affectées par des maladies mentales. Pour plus d’informations en français, voir le site suisse : https://www.nutrition-holistique.ch/natacha.html#.VPHNGEIjGu4 ou son livre traduit en français, mais pas encore disponible en Amérique du nord : Le syndrome entéropsychologie ou en anglais : Gut and psychology syndrome.

  5. Bel article Jean-Yves, très intéressant.

    Mis à part une bonne alimentation, dis-moi, peut-on trouver dans une seule multi-vitamines tous les nutriments nécessaires? En fait, je devrais plutôt te demander si on peut y trouver le maximum nécessaire dans chacune d’elle afin que notre organisme puisse avoir le bon % ainsi ne pas avoir de carences ou, encore, les éviter? Peut-être devrions-nous prendre en plus d’une multi-vitamines prendre un supplément de B12 par exemple, de vitamine D, de Fer, etc. ?

    Un gros merci pour ta réponse.

    1. Bonjour Lucie
      IL est vrai que certains nutriments ne seront jamais en quantité suffisante dans une multi. Pour la majorité des gens, la B12 et la vitamine D devraient être pris en surplus. Le fer, rarement, sauf si anémie.
      Les 2 formules de multi intéressantes sont Multi daily complete de genuine health et la Total defense de ATP-Lab.
      Ces 2 formules sont dosées à plusieurs co ou capsules par jour, ce qui permet d’adapter.
      Santé!

    1. Bonjour Christian
      Absolument. Mme Sue Dengate est une pionnière. Son site Fed up with additives http://fedup.com.au est une mine d’informations.
      Par contre, son site semble sous attaque à ce moment précis.
      Le travail de Mme Dengate est admirable et je le cite souvent
      Santé!

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