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Soyez sans crainte, je ne vais pas vous encourager à partir à la recherche d’un mythique jardin d’Éden. Je fais simplement le constat que nos sociétés, malgré tous leurs bénéfices, nous ont peut-être coupé d’une réalité que certains disent essentielle : le contact direct avec la nature.

Un des premiers à s’intéresser au concept de l’origine développementale ou environnementale de la santé et de la maladie est un microbiologiste français, René J. Dubos (1901-1982). Dans ses travaux, il a mis en lumière les relations entre l’alimentation, le microbiote, le stress et l’environnement pour promouvoir ou inhiber la santé ou la maladie. Selon Dubos, plus les espaces verts et bleus sont réduits dans notre environnement immédiat, plus nous en subissons les conséquences en terme de stress, de détresse psychologique (anxiété et dépression) et de perte de qualité de vie.

Conséquences de l’urbanisation

L’urbanisation rapide vécue par l’humanité depuis le 20e siècle s’accentue. On s’attend à ce que le nombre d’habitants des villes augmente de 1,35 milliards de personnes d’ici 15 ans.(1) Cette urbanisation s’accompagne d’une augmentation des maladies chroniques non transmissibles : maladies mentales et cardiaques, obésité, diabète, syndrome métabolique, etc. Ces maladies sont en grande partie dues à une sédentarité accrue, un sommeil de mauvaise qualité (ou manque de sommeil), un taux élevé de stress, et des mauvais choix alimentaires. Ça c’est connu. Mais on remarque aussi que, par exemple, nos sociétés sont de plus en plus «hygiéniques». La guerre aux germes, microbes et virus, est devenue inconsciente tellement elle est omniprésente. Pourtant, l’accroissement des informations sur les bienfaits des probiotiques (les bonnes bactéries), sur le lien entre microbiote (flore bactérienne) et santé / maladie, nous convainc de l’importance des probiotiques. La théorie hygiéniste postule qu’une partie de nos problèmes de santé viendrait de ce manque de bonnes bactéries, qui ouvre la porte à la colonisation par les pathogènes. Le contact direct avec l’environnement naturel implique une plus grande présence de cette chère «vitamine scout» (un peu de «saleté» sur nos mains et dans ce que nous mangeons), donc une plus grande diversité de microorganismes non pathogènes.

L’omniprésence du béton et l’absence d’espaces verts peuvent aussi se traduire par une augmentation de l’anxiété et de la dépression. D’ailleurs, le simple fait de faire de l’exercice dehors, en nature, a un effet antidépresseur notable. (https://www.jydionne.com/lexercice-vert-pour-etre-bien-dans-sa-tete/ )

Le déficit Paléo (par rapport à nos ancêtres ou aux peuples chasseurs-cueilleurs) est défini par les auteurs comme une réduction marquée des facteurs suivants : (2)

  • Lumière naturelle, particulièrement la portion bleue durant la journée
  • Noirceur nocturne
  • Activité physique dans un environnement naturel
  • Contact visuel avec divers environnements naturels
  • Capacité auditive de discerner les sons naturels qui reflètent la biodiversité
  • Apport d’aliments non transformés, substances phytochimiques
  • Contact avec une diversité de microbes non pathogènes
  • Stimulation olfactive naturelle, phytoncides http://fr.wikipedia.org/wiki/Phytoncide
  • Contact tactile avec l’environnement naturel
  • Opportunité d’être seul(e), vie privée
  • Possibilité de fonctionner/dormir dans un environnement non affecté par les perturbations électromagnétiques créées par l’homme
  • Concentration d’ions négatifs

paleo

Source : Logan et al. Journal of Physiological Anthropology 2015.(2)

En réponse à ce déficit

Plusieurs mouvements ou tendances de nos sociétés sont des réponses, conscientes ou non, à ce déficit :

Nombreux sont ces mouvements qui nous proposent d’augmenter la part de la nature, du vert, du calme, et des espaces libres de champs magnétiques dans nos vies.

Ceci n’est pas un plaidoyer pour fuir la ville, mais pour intégrer des moments de contact avec la nature dans notre vie trépidante, se donner le temps d’apprécier les espaces verts, les sons et les odeurs de la nature.

Pourquoi ne pas faire une petite promenade quotidienne dans le parc le plus près de chez vous et en profiter pour enlever vos souliers (dès qu’il fait assez chaud) pour ressentir le contact du sol?

Joyeux printemps !

Références :

  1. Logan AC, Katzman MA, Balanzá-Martínez V. Natural environments, ancestral diets, and microbial ecology: is there a modern « paleo-deficit disorder »? Part I. J Physiol Anthropol. 2015 Jan 31;34(1):1. [Epub ahead of print] PubMed PMID: 25636731; PubMed Central PMCID: PMC4318214. http://www.jphysiolanthropol.com/content/34/1/1
  2. Logan AC, Katzman MA, Balanzá-Martínez V. Natural environments, ancestral diets, and microbial ecology: is there a modern « paleo-deficit disorder »? Part II. Journal of Physiological Anthropology 2015, 34:9  doi:10.1186/s40101-014-0040-4. http://www.jphysiolanthropol.com/content/34/1/9

9 commentaires

  1. Bonjour Jean-Yves ,
    J’ai bu vos paroles tant je suis convaincue de l’importance de se re-connecter aux mouvements naturels , à la luminosité naturelle , et à la Nature en un mot ;
    mais , et cela fait quelques temps que je me pose la question , alors que ceci est devenu tellement indispensable , les tiques et la terrible maladie de Lyme qu’ils transmettent prolifèrent sur la planète , et ici en France , cela devient anxiogène de se promener pieds nus dans l’herbe ( d’après des études récentes il y en aurait même dans les parcs urbains…) .
    Je suis ennuyée de voir qu’en même temps qu’il est hautement recommandé – aussi d’un point de vue énergétique – de plus (+) côtoyer la Nature , eh bien la Nature devient de moins en moins accueillante pour mener ce projet dans des conditions sereines , et « sûres » …
    Qu’en pensez-vous ?
    Merci d’avance et très belle journée !
    Isabelle

    1. Bonjour Isabelle
      Tout à fait vrai. L’influence des hommes sur notre environnement crée ces conditions propices pour les différentes pestes de proliférer. Les tiques et la maladie de Lyme, les moustiques et le virus du Nil, etc. Par contre, de là à s’abstenir de profiter de la nature, il ne faut pas s’en faire. Toutes les tiques et tous les moustiques ne sont pas porteurs. Il faut quand même profiter de la nature, se promener pied nus. Saviez-vous qu’il est plus « risqué » de se promener dans un champs de hautes herbes avec un pantalon que nu jambe ? La tique s’accroche aux tissus et migre jusqu’à la chair fraiche. Tandis que la peau des humains n’offre que très peu de prise.
      Ensuite, il y a les répulsifs comme les huiles de citronnelle, de cataire, etc.
      Bref, oui, il faut être prudent mais pas au prix de notre liberté (ouf, ça sonne comme autre chose 🙂 )
      Santé!

  2. Merci Jean-Yves,

    Tu me confirmes que je dois demeurer dans mon quartier et que ça me va bien !!!

    Avec des parcs à qq pas de chez moi, une rivière, une cour verte et fleurie, je comprends pourquoi les journées grises sont parfaites pour les activités intérieures et que je préfère la marche et le jardinage au gym. Ce qui ne m’a pas empêchée d’être grippée et d’avoir des petits bobos…

    Merci de nous encourager à « penser » vert, de protéger ce que nous avons déjà et d’en être reconnaissants !

    Bonne fin de semaine!

  3. Ah! Que ce rappel de l’importance de la proximité de la nature me rejoint.
    Aux alentours de mes 13 ans, fille de la ville, mais de parents originaires d’un village, j’ai été accueillie, comme le frère et la soeur qui me suivaient, par un couple sans enfants qui entretenait la terre et la ferme de leurs vieux parents. Quels souvenirs indélébiles, mon frère, ma soeur et moi tenons de ces séjours estivals passés sur une ferme de la région de Verchères. Nous aidions notre oncle et notre tante à faire les foins, à effectuer la traite des vaches, à entretenir le jardin et la maison, etc.. Nous avons inventé des jeux mémorables sur la ferme, développé une affection éternelle pour les chats, les vaches, les chevaux. Quand nous avons la chance de nous revoir, nous nous redisons la chance que nous avons eue de séjourner sur la ferme d’oncle Joseph. Nous nous redisons comment nous avons été privilégiés de connaître l’espace, la compagnie des arbres, la senteur du foin, la joie du travail physique dans les champs, la nuit «noire» sans lampadaire, l’émerveillement et l’élévation que suscitaient la vue de milliers d’étoiles dans le firmament, etc.. L’expérience de participation à la vie de la ferme quand j’étais adolescente aura été l’expérience la plus prégnante et inspirante de ma vie. J’aurai bientôt 68 ans et je retourne encore, entre autres dans les moments difficiles, aux souvenirs du contact avec la terre, avec les animaux, avec les arbres et les plantes. Toute ma vie de citadine, j’ai pu recharger les piles dans les promenades en forêt, en montagnes, dans les parcs, au cours des sorties à la campagne. À l’automne dernier, un séjour de quelques jours dans un lieu de retraite situé au milieu de la nature (proche de la ville) m’a permis de refaire mon équilibre.
    Comme le chroniqueur et journaliste François Cardinal l’a déjà mentionné, il est salutaire et très important qu’un jeune être humain né en ville ait l’occasion d’entrer en contact avec la nature. Comment un être humain peut-il passer sur Terre sans avoir eu l’occasion de se laisser toucher par le son du vent dans les branches, par l’odeur des feuilles mortes, par la tranquillité d’un lac noir, etc.
    J’ai enseigné quelques années au secondaire et je rêvais alors de stages sur des fermes ou à la campagne pour tous les enfants de la ville. J’ai toujours pensé que la réalisation d’un tel rêve, qui me semble faire tellement de sens, ne pouvait avoir lieu que dans une société composée de plusieurs citoyens et leaders avertis, sages… Une histoire d’évolution, je suppose… ! Je souhaite qu’un jour, il soit admis comme une évidence et une nécessité, chez n’importe lequel de nos leaders politiques, que la personne humaine se développe sainement en fréquentant la nature.
    Par ailleurs, comment, dans l’avenir, protéger et valoriser la nature, qui sont indispensables à notre survie, si un grand nombre de jeunes urbains ne connaissent pas la grande joie, les belles sensations, l’intérêt de s’y frotter? Je pense, entre autres, à nos immigrants, dont plusieurs n’ont pas les moyens de sortir de la ville et qui sont pourtant arrivés dans un coin du monde remarquable par ses grands espaces parsemés de forêts et de lacs. J’ai des frissons à penser qu’une femme ou un homme n’aura eu comme horizon, au cours de son passage ici-bas, que des sols et des murs de pierre, de béton, que des bâtiments divers, que des voies pour des engins mouvants et bruyants. Je suis infiniment désolée à la pensée qu’une femme, un homme, une petite fille, un petit garçon, au Québec, n’aura jamais fait l’expérience apaisante du silence et du grand air, que la vie aura été meublée essentiellement par des bruits de moteurs, d’amplificateurs, par des vociférations de toutes sortes, dont celles, incessantes, des messages publicitaires, que son expérience de la Terre n’aura été surtout que virtuelle ou artificielle.
    En pensée, je rends souvent grâce à ma tante Marguerite et mon oncle Joseph qui, au cours de quelques étés de ma jeunesse, m’ont accueillie sur leur ferme, avec un frère une soeur. Le passage chez eux aura aiguisé notre sensibilité, nous aura instruits de façon bien concrète et profonde, nous aura nourris à divers points de vue jusqu’à notre dernier souffle.

    1. Merci Marie-Claude pour de touchant témoignage.
      C,est vrai que le bruit des grenouilles vaut mille fois celui des autobus.
      🙂
      Santé!

  4. Quel fantastique résumé de ce à quoi se songe depuis un moment, merci!!! Ça couvre tellement de sujet… superbe réflexion… un grand merci!!!

  5. Très belle réflexion Jean-Yves! Je me dirige la semaine prochaine à Austin Texas pour assister au plus grand rassemblement du mouvement Paléo, le Paleo f(x) 2015. J’y partagerai des idées avec des esprits éveillés et en profiterai pour me taper une bonne réflexion sur mon propre projet. Je ne veux pas faire de pub pour ma page ici mais juste dire que cet approche m’a sauvé et transformé.

    Après 30 ans dans le domaine de la santé, nutrition comme kinésiologue et comme massothérapeute depuis 15 ans j’en ai eu des formations, j’en ai ai testé des choses, j’en ai étudié bien plus. Ce que les gens appellent une mode n’est en fait que le bon sens qu’impose notre nature profonde. Celle de nos origines.

    Merci de nous donner de si bonne informations et de tes efforts pour une santé plus Naturelle!

    Harry 🙂

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