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Les experts et organismes législateurs de par le monde s’entendent sur le fait que nous consommons trop de sel. En effet, les politiques alimentaires des pays industrialisés incitent les compagnies alimentaires à réduire la quantité de sel dans leurs préparations; les professionnels font de même en demandant à leurs patients de limiter les apports en sel; au Canada et aux États-Unis, le guide alimentaire propose 1500mg de sodium (3,8g de sel) par jour comme apport suffisant et une limite maximale de 2300mg (5,82g de sel) par jour.

Pourtant, selon l’OMS, les européens consomment en moyenne 8 à 11g de sel (3,15g à 4,33g de sodium) par jour, un apport bien supérieur aux recommandations!

Mangeons-nous trop de sel?

L’an dernier à pareille date (le 9 avril 2013) j’écrivais un billet sur le sujet : Trop de sel ou pas assez? Qu’y a-t-il de nouveau depuis l’an dernier? En fait, pas grand-chose. Toujours pas de consensus véritable, et surtout, toujours cette différence importante entre l’apport réel des gens et les recommandations étatiques. Mais mangeons-nous réellement trop de sel? Est-ce qu’une réduction de l’apport à un minime 1500mg est souhaitable pour toute la population, ou n’est-ce pas plutôt une cible pour les gens déjà malades?

On peut facilement se laisser tenter par cette dernière hypothèse puisque la tendance lourde, actuellement, est de vouloir imposer des cibles thérapeutiques (donc des valeurs de paramètres pertinentes en présence de pathologie) à la population en général. Pensons simplement aux cibles de cholestérol sanguin qui sont maintenant tellement basses que toute la population, ou presque, devrait être médicamentée… (voir Des médicaments à vie pour les bienportants?).

De nouvelles données qui portent à réfléchir

Puisque les gens de par le monde mangent plus de sel que les recommandations, des chercheurs se sont penchés sur la question. Est-ce que ces recommandations sont véritablement pertinentes? Est-ce utile pour la population en général de limiter les apports en sel? Et surtout, est-ce qu’un apport en sel si faible peut avoir des effets dommageables?(1)

Premier constat: 90% de la population mondiale consomme entre 2645mg et 4945mg de sodium par jour (ou 6,69g à 12,5g de sel).

Second constat: Statistiquement, les gens qui consomment plus de 4945mg de sodium ont 16% plus de risque de décéder de n’importe quelle cause (HR 1,16; IC 95% 1,03-1,30) et 12% plus de risque de souffrir d’une maladie cardiaque (HR 1,12 ; IC 95% 1,02-1,24).

Troisième constat: Sur l’effet de manger moins de sel, les chiffres sont surprenants. Chez ceux qui consomment moins de 2645mg de sodium (donc qui suivent les recommandations officielles), le risque de mortalité toute cause est augmenté de 9% par rapport à la norme (HR 0,91 ; IC 95% 0,82-0,99) et le risque de maladies cardiaques de 10% (HR 0,90 ; IC 95% 0,82-0,99). Les chercheurs remettent donc en doute les fondements scientifiques des normes actuelles.(1,2) D’ailleurs, nous avons déjà vu que des apports trop faibles en sodium peuvent être associés à certains troubles de santé comme la fatigue ou l’hypotension (voir: Guère de sel ou la guerre au sel; Sel: réduction ou obsession?; Hypotendu: pas malade, mais pas fort).

Le débat n’est certes pas fini, mais peut-être que le dogme du sel néfaste, lui, vient de prendre son coup de grâce. Peut-on consommer du sel sans aucune restreinte? Bien sûr que non, surtout si votre pression est déjà haute ou que vous souffrez de problèmes cardiaques. Il ne faut pas tomber dans l’excès. D’un côté comme de l’autre, les méfaits peuvent être au rendez-vous. Encore une fois, la modération est de mise.

Santé!

 

Références:

  1. Graudal N, Jürgens G, Baslund B, Alderman MH. Compared With Usual Sodium Intake, Low- and Excessive-Sodium Diets Are Associated With Increased Mortality:  A Meta-Analysis. Am J Hypertens. 2014 Apr 1. [Epub ahead of print] PubMed PMID: 24651634.
  2. Neal T. ‘Usual’ Sodium Intake Seems to Hit Right Balance. Apr 4, 2014 | Updated: Apr 6, 2014. Sur http://www.medpagetoday.com/

13 commentaires

  1. Sujet très intéressant…
    J’entends souvent les gens dirent que le sel est du NaCl point et que c’est tout à fait naturel. Mais pour qu’il s’écoule si facilement de la salière (utilisation d’agents antiagglomérants???)et avec sa couleur d’un blanc éclatant (bleach???), je doute qu’il ne soit modifié et raffiné. Demandez donc à votre restaurateur préféré quel genre de sel il utilise?

  2. Allo JY

    Ah il y a 2 hélène !! alors je m’appellerai dorénavant tweety. Comment ferez-vous pour nous distinguer ? Bon, chronique fort intéressante, car justement comme je me sens fatiguée depuis mon retour de Guadeloupe et que mon mari là-bas cuisinait avec une certaine quantité de sel, ici je ne mange aucun sel ajouté. Bien sûr le sel n’est pas seulement en cause, mais après lecture de votre article, peut-être devrais-je commencer à saler légèrement mes aliments.
    merci et À+
    hélène

    1. pourquoi pas une hélène et une Hélène…. un grand H t’irait bien hihihihi

      Bonne journée à tous les deux !!!

    2. Bonjour Hélène
      Normalement, je reconnais les lectrices assidues. J’ai accès à l’adresse courriel qui n’est pas affichée sur le site.
      Mais Tweety, pourquoi pas ? Par contre, vous n’êtes pas très jaune et vous aimez les chats … Non ?Limiter le sel, pour vous ou moi, n’est pas utile.
      Santé!

    1. Bonjour Ghislaine
      La première chose à dire est que le sel, peu importe d’où il vient, c’est d’abord du NaCL. Les sels de mer ou de l’Himalaya contiennent un peu d’autres minéraux comme du magnésium.
      Mais environ 80 à 96% sera du NaCL. Donc, ces sels sont principalement intéressants pour le gout. Autre chose, il n’Y a pas d’iode dans le sel de mer puisque l’iode est volatile et se perd dans le séchage.
      Santé!

  3. J’aurais aimé que vous commentiez sur la qualité du sel que nous mangeons. Il est assurément dangereux de consommer du sel transformé que nous retrouvons dans les étalages de nos épiceries conventionnelles car celui-ci est raffiné et chauffé à une température de 1200 degré lui enlevant ainsi toute valeur nutritive. Le sel naturel, soit le sel de mer ou le sel des mers asséchées tel le sel Himalayen ou Chilien est une composante majeure du plasma sanguin, des fluides lymphatiques, des fluides extracellulaires et même du liquide amniotique. Il s’occupe du transport des nutriments de l’intérieur vers l’extérieur des cellules. Il soutient les parois des vaisseaux sanguins dans la régulation de la pression sanguine. Il aide le cerveau dans la transmission des signaux dirigés vers les muscles, (échange des ions sodium-potassium). Il est clair dans mon esprit que la modération a tout de même meilleur goût!!!. bonne journe!

    1. Bonjour Lillian
      Le sel est minéral. Peu importe la chaleur à laquelle vous le soumettez, il ne changera pas. Ce n’est pas une plante. Il y a beaucoup de « spin marketing » sur les différents sels. Personnellement, oui, le sel de mer mais les autres sont surtout intéressants pour le gout ou la couleur. Question nutrition, vous seriez surpris de constatez comment les différents sels sont proches en terme de composition.
      Santé!

  4. J’aime bien le petit livret du Dr David Brownstein, médecin holiste américain:http://www.drbrownstein.com/Salt-Your-Way-to-Health-p/salt.htm
    Il explique la différence entre le sel raffiné et le sel de mer ou Himalayien. Ce dernier contient jusqu’à 80 minéraux. En conférence il a affirmé que ses patients hypertensifs qui passent du sel raffiné au sel de mer voient leur tension artérielle diminuer substantiellement. Ils perdent également leur appétit insatiable pour des aliments salés!

    1. Bonjour Pierre
      Ma question reste toujours la même pour tous ces sels. Combien de ces minéraux contiennent-ils ?
      Selon mes recherches, la plupart de ces sels ne contiennent que des traces d’oligo-éléments.
      Je suis ouvert mais reste sceptique.
      Santé!

  5. Bonjour M. Dionne Belle capsule, merci beaucoup. Finalement, on en vient toujours au même constat, quelque soit le sujet abordé….éviter les aliments transformés, cuisiner avec des produits le plus frais possible, bio de préférence, et assaisonner modérément avec un bon sel rose de l’Himalaya !

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